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Élaborer des régimes alimentaires en collaboration avec un ou une vétérinaire ou spécialiste de la nutrition des équidés
Chaque âne a des besoins nutritionnels qui lui sont propres et qui dépendent de nombreux facteurs. Un ou une vétérinaire ou spécialiste de la nutrition des équidés sera en mesure de vous guider dans vos choix et de préconiser des régimes alimentaires adaptés spécifiquement aux ânes. Dans le cas contraire, vous prenez le risque de provoquer des maladies graves, voire la mort de l’animal. Les informations contenues dans ce document sont destinées à vous familiariser avec les différents aspects du régime alimentaire des ânes, mais elles ne doivent en aucun cas se substituer aux conseils d’un ou une vétérinaire spécialiste.
Si vous lisez cet article, c’est que vous souhaitez probablement fournir les meilleurs soins possibles à des ânes qui vous sont chers! S’occuper de manière responsable d’ânes dans un refuge passe en premier lieu par la nourriture qui leur est fournie.
Quand il s’agit de nourrir des ânes, on peut être vite dépassé par l’offre qui existe et le volume d’informations disponible. La priorité est de connaître les besoins essentiels à fournir à vos ânes. Vous pourrez ainsi prendre des décisions éclairées sur la façon de nourrir et de supplémenter vos pensionnaires, toute connaissance de cause.
Le système digestif de l’âne
Si vous avez lu notre article Régime et compléments alimentaires pour chevaux, vous connaissez le fonctionnement du système digestif d’un cheval. Les ânes et les chevaux ont un système digestif similaire, mais il qu’il importe de connaître, car elles ont une incidence sur la façon dont vous nourrirez vos pensionnaires !
Le système digestif de l’âne comprend deux parties: l’estomac et l’intestin grêle, suivis du gros intestin ou “intestin postérieur”. L’intestin postérieur comprend le cæcum et le côlon. Le tube digestif de l’âne a évolué pour s’adapter aux régions sèches où les sources de nourriture de qualité se font rares. Les chevaux sont généralement des herbivores paissant au sol (même s’ils peuvent grignoter quelques feuillages), alors que les ânes sont plus enclins à se nourrir aussi bien d’herbe que de feuilles et d’arbustes. Leur système digestif s’est adapté pour extraire les nutriments des broussailles et d’autres plantes généralement trop fibreuses pour constituer un régime alimentaire adapté au cheval. Ainsi un âne aura besoin de moins de calories qu’un poney de taille similaire pour maintenir son poids de forme.
Cela signifie qu’il faut veiller à limiter et à contrôler la consommation d’herbe de pâturage trop riche, car celle-ci a une teneur élevée en nutriments et une grande digestibilité, et nous savons que l’organisme de l’âne excelle déjà dans l’extraction des nutriments des végétaux fibreux. Une herbe trop riche peut ainsi provoquer des fourbures et autres problèmes de santé. Notez que ceci est valable également pour les chevaux. Cela varie bien sûr d’un individu à l’autre, mais les ânes et les chevaux miniatures sont les plus à risques.
Voici quelques informations que les soigneurs doivent connaître:
- Les ânes doivent avoir un accès limité à un régime riche en fibres. Un régime qui ne permet pas assez aux ânes de brouter feuilles et arbustes a de fortes chances de provoquer de nombreux problèmes de santé. Les ânes doivent pouvoir se nourrir de fourrage tout au long de la journée. Ceci favorise la santé de l’intestin postérieur en fournissant des nutriments aux bonnes bactéries qui y sont présentes. Un accès illimité à de la paille d’orge est idéal.
- L’accès aux pâturages, aux foins de légumineuses et à d’autres sources de nourriture à forte teneur en glucides ou en protéines, doit être limité et contrôlé.
- Bien qu’ils soient conçus pour digérer en continu une grande quantité de fibres, l’estomac et l’intestin grêle de l’âne n’ont pas la capacité de décomposer de gros repas en une seule fois. S’ils reçoivent des concentrés, les repas doivent être divisés en portions plus petites, distribuées tout au long de la journée afin d’éviter tout risque de coliques.
- Les concentrés ne doivent être donnés pour compléter l’alimentation d’un âne que dans certains cas: un état de santé qui le requiert, une grossesse ou une lactation, des problèmes dentaires, des résidents en sous-poids ou vieillissants ayant du mal à garder leur poids de forme, ou des ânes en pleine croissance.
- Évitez tout ce qui contient de la mélasse, des céréales ou des graines. Une alimentation riche en concentrés peut entraîner un certain nombre de problèmes de santé, en particulier des fourbures et des coliques. Prenez conseil auprès d’un ou d’une vétérinaire ou nutritionniste spécialiste des équidés.
- Outre les conséquences sur le plan physique, un accès trop restreint à des feuilles et arbustes dans la journée peut avoir des effets psychologiques. S’ils n’ont pas la possibilité d’accomplir ce comportement naturel, les ânes risquent de s’ennuyer et se sentir frustrés, ce qui peut affecter considérablement leur bien-être.
Maintenant que vous avez une idée du fonctionnement du système digestif de l’âne et un bref aperçu de ses besoins alimentaires, examinons les nutriments spécifiques dont l’âne a besoin pour être en bonne santé.
De quoi un âne a-t-il besoin?
Glucides
Les glucides constituent généralement la plus grande partie du régime alimentaire des ânes. Il existe plusieurs sources de glucides: les fibres, les amidons et les sucres. Parmi celles-ci, les fibres (paille, foin et herbe) sont certainement le type de glucides dont les ânes ont le plus besoin. Les sucres et les amidons peuvent causer des problèmes de santé s’ils sont consommés en trop grandes quantités; il est donc important de limiter leurs apports.
Les micro-organismes bénéfiques présents dans l’intestin postérieur de l’âne sont capables de décomposer ces fibres et de les transformer en une excellente source d’énergie. Rappelez-vous que les ânes sont capables d’extraire davantage de nutriments de leur nourriture, ce qui signifie que le foin à haute teneur en protéines et énergie ainsi que l’herbe riche en glucides ne sont pas ce qu’il y a de mieux pour vos ânes. Bien entendu, cela varie d’un individu à l’autre et il convient d’en discuter avec un ou une vétérinaire ou nutritionniste spécialiste des équidés. Nous reviendrons plus en détail sur la paille, le foin et l’herbe plus loin dans cet article.
Aliments concentrés
Les aliments concentrés (appelés ainsi en raison de l’énergie concentrée qu’ils fournissent) ne doivent généralement pas faire partie du régime alimentaire d’un âne adulte en bonne santé. Ces concentrés sont composés de graines, de céréales et d’aliments sous forme de granulés qui ne conviennent généralement pas au régime alimentaire des ânes (en particulier les graines, les céréales et tout ce qui contient de la mélasse ou une forte teneur en protéines, en énergie ou en sucre). Les concentrés peuvent entraîner un certain nombre de problèmes de santé. Cependant les ânes vieillissants, les ânes en pleine croissance, les ânes en sous-poids, les ânesses en gestation ou en lactation, les ânes qui requièrent des soins dentaires ou encore ceux qui souffrent de certaines pathologies peuvent avoir besoin de compléments alimentaires concentrés, riches en fibres et pauvres en glucides. Les granulés riches en fibres peuvent être une bonne option pour augmenter ou maintenir un poids de forme en cas de besoin, et peuvent être plus faciles à prendre pour certains individus à condition d’être bien humidifiés au préalable. Choisissez cependant des granulés riches en fibres conçus pour des ânes susceptibles de souffrir de fourbures (c.-à-d. des granulés à faible teneur en sucre) ou d’autres compléments que votre vétérinaire ou nutritionniste peut recommander pour certains problèmes de santé. Il est essentiel de les faire tremper suffisamment auparavant pour éviter les risques de coliques et autres. Certains recommandent d’ajouter des paillettes à faible teneur en glucides (à savoir un mélange haché de paille et/ou de foin – veillez à choisir des produits sans sucre ajouté et renseignez-vous sur ceux contenant des huiles ajoutées avant de les donner à vos ânes) aux concentrés pendant les premiers jours. Cependant, chaque individu étant différent, il est essentiel de toujours consulter votre vétérinaire avant de donner des aliments concentrés à l’un ou l’une de vos pensionnaires.
Avertissement à propos des concentrés
Il existe une corrélation entre les régimes alimentaires riches en concentrés et les ulcères gastriques, la mastication excessive de bois, les coliques et les fourbures. Cela peut être particulièrement le cas si les portions sont proposées en un ou deux gros repas par jour au lieu d’être réparties en quatre à six repas. Par conséquent, il convient d’être prudent lorsque l’on intègre des concentrés dans le régime alimentaire et de le faire uniquement sur les conseils d’un·ou une vétérinaire ou nutritionniste spécialiste des équidés.
Pulpe de betterave
Bien que la pulpe de betterave soit en fait un sous-produit de l’industrie sucrière, elle peut constituer un complément nutritif et fibreux pour stimuler les pensionnaires malades à manger. Elle peut également être utilisée pour aider à maintenir un poids de forme pour les individus qui ont du mal à garder la ligne. La pulpe de betterave se présente sous forme de cubes ou de morceaux concentrés et doit être soigneusement trempée avant d’être donnée. Elle ne doit jamais être donnée en remplacement de la paille et du foin. Une fois trempée, elle doit être utilisée dans les 24 heures.
Protéines
Les ânes (plus précisément les ânes adultes en bonne santé) n’ont besoin que de 3,8 à 7,4% de protéines, en fonction de leur niveau d’activité. Les ânes ont une capacité impressionnante à recycler en interne l’azote, qui fait partie des acides aminés consommés dans les sources de protéines. Ils ont donc un besoin moindre de protéines dans leur alimentation. Cependant, les protéines restent importantes, car elles fournissent les acides aminés essentiels et non essentiels dont les ânes ont besoin. La quantité d’acides aminés dont un âne a besoin dépend en grande partie de son âge et du fait qu’il s’agisse d’une ânesse en gestation ou en lactation.
Les foins et les graminées contiennent des protéines, il faut donc faire très attention à leur teneur totale en protéines (et en glucides). Les foins de légumineuses, comme le trèfle et la luzerne, sont nettement plus riches en protéines et peuvent provoquer des problèmes de santé chez les ânes s’ils en consomment trop. Nous déconseillons le foin de légumineuses dans le régime alimentaire des ânes, sauf sur avis d’un ou une vétérinaire ou nutritionniste spécialiste des équidés qui le recommanderait pour certains individus pour des raisons de santé. Sinon, une petite poignée en guise de friandise de temps en temps peut convenir. La paille est pauvre en protéines et peut constituer une bonne source de fourrage pour les ânes, car ils sont capables de la digérer et d’en tirer plus de nutriments qu’il n’est généralement possible de le faire.
Pour ce qui est du foin (et de la paille), la qualité et le stade de croissance au moment de la récolte en déterminent sa digestibilité, en plus de sa teneur en glucides et en protéines. N’oubliez pas qu’une teneur élevée en glucides peut provoquer un certain nombre de problèmes de santé! Le fourrage des pâturages est également une source potentielle de protéines. Toutefois, la composition des nutriments dépend d’un certain nombre de facteurs, comme la saison et la qualité du sol. Les herbes graminées peuvent contenir de grandes quantités de glucides qui peuvent gravement nuire à la bonne santé de vos pensionnaires si l’accès à celles-ci n’est pas limité.
Dans l’ensemble, un régime mixte ou entièrement à base de paille convient mieux à la plupart des ânes, car leurs besoins en énergie et en protéines sont inférieurs à ceux des chevaux.
Lipides
Les ânes adultes en bonne santé n’ont pas besoin de beaucoup de lipides dans leur alimentation, mais une ânesse en lactation, un âne en sous-poids ou vieillissant peut avoir des besoins plus importants. Les ânes souffrant de certains problèmes de santé peuvent également avoir besoin de plus (ou moins) de lipides dans leur alimentation. En général, 3 à 4% de matières grasses dans la nourriture suffisent pour des chevaux adultes en bonne santé. Les ânes ont besoin de moins que cela. Une quantité trop importante peut entraîner une prise de poids inutile et des problèmes de santé. Demandez à votre vétérinaire ou nutritionniste spécialiste des équidés ce qui convient le mieux dans votre cas.
Vitamines et minéraux
Si les ânes synthétisent certaines des vitamines dont ils ont besoin au cours du processus de digestion, la grande majorité est obtenue à partir du fourrage. Cependant, comme le contenu nutritionnel de l’herbe, du foin et de la paille peut varier, il est généralement pertinent de fournir un fourrage enrichi à vos ânes pour s’assurer qu’ils en retirent ce dont ils ont besoin pour être en bonne santé. Comme toujours, il est conseillé de discuter avec votre vétérinaire pour savoir si un âne peut bénéficier d’une supplémentation en vitamines.
Vitamines nécessaires aux ânes
Tant que vos pensionnaires ont accès à l’extérieur et au soleil, leurs besoins en vitamine D sont généralement couverts. Le fourrage contient également de la vitamine D naturellement. Les ânes obtiennent de la vitamine A en mangeant de l’herbe fraîche et un peu de foin. La vitamine A qui n’est pas utilisée immédiatement est stockée dans le foie, et cette réserve est utilisée pendant les mois d’hiver, lorsque les pâturages sont en repos. Les ânes synthétisent les vitamines B et K(2). Quant à la vitamine C, l’âne peut la produire dans son foie à partir du glucose. La vitamine E se trouve également dans l’herbe et le foin frais, mais il en existe aussi des compléments. Outre le fourrage frais, le foin qui n’est pas stocké pendant plus de quelques mois peut conserver et fournir de nombreuses vitamines dont les ânes ont besoin. De nombreux produits céréaliers concentrés fournissent également ces vitamines nécessaires, mais peuvent présenter un risque pour la santé pour les raisons susmentionnées. Comme indiqué plus haut, il existe également des compléments alimentaires pour équilibrer le fourrage, qui contiennent ces vitamines et minéraux, mais avec une teneur en calories plus faible. Ils sont le plus souvent recommandés par les vétérinaires pour garantir une bonne santé générale.
Minéraux nécessaires aux ânes
De nombreux minéraux peuvent être bénéfiques pour un âne, notamment le cuivre, le manganèse, le fer, le sélénium, le zinc, le cobalt et l’iode. Les ânons ou les femelles gestantes peuvent avoir besoin de plus de phosphore et de calcium pour rester en bonne santé. Comme les vitamines, l’herbe et le foin contiennent de nombreux minéraux, mais leur teneur peut varier, ce qui peut entraîner des carences. C’est toujours une bonne idée de faire analyser votre sol, votre herbe et votre foin afin de pouvoir calibrer l’alimentation de vos pensionnaires en conséquence. En fonction de ces résultats, vous pouvez discuter avec votre vétérinaire ou votre nutritionniste spécialiste des équidés de l’avantage d’utiliser ou non du fourrage enrichi en minéraux pour vos pensionnaires.
Si vous procurez des blocs de minéraux à vos ânes, assurez-vous qu’ils ne contiennent pas de mélasse et sachez qu’il peut être difficile de déterminer si tout le monde en consomme suffisamment. Il est formellement déconseillé de donner à vos ânes des blocs de minéraux destinés à d’autres espèces, car ils peuvent contenir des niveaux toxiques de certains minéraux. Vous pouvez à la place leur donner des pierres à lécher qu’ils consommeront à leur guise. La quantité et le ratio des minéraux consommés sont également importants. Un ratio de 1:1 est recommandé pour les ânes adultes en bonne santé. Certains individus en particulier peuvent avoir besoin d’une quantité plus ou moins importante de certains minéraux, il convient d’en discuter avec votre vétérinaire.
L’eau
L’eau est un élément important pour maintenir les ânes en bonne santé. Il est vital pour leur digestion de boire beaucoup de liquide, et de graves complications peuvent survenir lorsque leurs besoins en eau ne sont pas satisfaits. Toutefois, contrairement aux chevaux, les ânes en bonne santé peuvent rester plus longtemps sans eau avant que des effets néfastes ne se manifestent. Lorsque l’accès à l’eau est limité (ce à quoi leurs ancêtres se sont adaptés dans les régions plus sèches et arides dont ils sont originaires), leur métabolisme au repos diminue, ce qui signifie qu’ils n’ont pas besoin d’autant d’eau pour la thermorégulation. Cependant, les ânes doivent avoir un accès permanent à des sources d’eau propre. Il est conseillé d’installer des chauffe-eau pendant les périodes de gel, car ils permettent un accès continu à l’eau et encouragent les ânes à boire davantage. Les ânes peuvent refuser de boire si l’eau est très froide. Cela peut entraîner un certain nombre de problèmes de santé, malgré leur adaptation évolutive qui leur permet de mieux gérer les périodes de déshydratation que les chevaux.
Un mot sur le fourrage
Les ânes se nourrissent de façon périodique et devraient idéalement avoir accès à du fourrage tout au long de la journée. La paille peut généralement être distribuée en libre accès. En outre, elle permet de répondre au besoin comportemental de l’âne de se nourrir et peut aider à empêcher l’ennui et les troubles comportementaux. C’est pourquoi les ânes doivent toujours avoir accès à une grande quantité de fourrage.
Il est généralement recommandé qu’un âne consomme quotidiennement environ 1,5% de son poids corporel en fourrage sec. Bien sûr, la qualité du fourrage varie, il est donc important de faire analyser l’herbe au pré et autres fourrages pour s’assurer qu’ils contiennent tous les nutriments nécessaires en quantité suffisante. Les fourrages qui manquent de certains nutriments peuvent être complétés par un fourrage enrichi de qualité recommandé par votre vétérinaire.La plupart des ânes adultes en bonne santé n’ont besoin que de paille, d’un peu de foin, de haylage (ensilage préfané) ou d’herbe et d’un supplément de vitamines et de minéraux (fourrage enrichi). Le fourrage fournit les nutriments dont tous les ânes ont besoin, ce qui en fait la base recommandée de l’alimentation de tous les ânes. Le terme “fourrage” désigne à la fois les plantes qu’un âne peut rechercher et consommer dans les pâturages, et le foin et la paille distribués par les soigneurs et soigneuses. Le régime alimentaire d’un âne adulte en bonne santé doit généralement être composé d’environ 75% de paille et de 25% de foin/haylage ou d’herbe pendant l’été, puis de 50% de paille et de 50% de foin/haylage pendant l’hiver. Les fourrages favorisent la bonne santé du système digestif et l’équilibre de la flore intestinale.
Les problèmes dentaires
En cas de problèmes dentaires d’un animal, il se peut que la paille ou le foin ne conviennent pas du tout. Dans ce cas, il est souvent recommandé d’utiliser de la paille hachée, des cubes ou des granulés riches en fibres qui doivent être trempés au préalable. La paille hachée est un fourrage préhaché (un mélange de paille et de foin) qui sera plus facile à mâcher et aidera vos ânes à mieux assimiler les nutriments dont ils ont besoin. Proposer ces aliments permet également d’éviter les risques d’étouffement, c’est-à-dire l’obstruction des voies respiratoires.
La paille
Il existe de nombreux types de paille, selon l’endroit où l’on vit dans le monde. La paille doit être disponible 24 heures sur 24 pour que les ânes puissent se nourrir tout au long de la journée, ce qui est indispensable pour une bonne santé physique et psychologique. Veillez à ne pas donner aux ânes de la paille contenant beaucoup de graines, car cela joue sur le volume de nutriments qu’ils reçoivent.
La paille d’orge est généralement considérée comme la meilleure paille à offrir aux pensionnaires des ânes. Elle constitue également une excellente litière!
La paille de blé n’est généralement acceptable que pour les jeunes ânes ayant une bonne dentition, en raison de sa nature plus fibreuse. Elle peut être difficile à mâcher, ce qui peut entraîner un faible apport pour les individus ayant des problèmes dentaires. Elle ne fait pas non plus une aussi bonne litière que la paille d’orge.
La paille d’avoine peut être donnée aux ânes, mais son utilisation doit faire l’objet d’un suivi plus attentif et n’est pas idéale en raison de son coût et de son apport calorique plus élevé.
Il se peut que vous vous trouviez dans une région ou à une période où il n’y a malheureusement pas de paille. Dans ce cas, demandez à votre nutritionniste ou vétérinaire quel est le meilleur foin à donner à vos pensionnaires pour leur permettre de se nourrir sans risquer d’ingérer des niveaux de protéines et de glucides trop élevés. Ce n’est pas l’idéal, mais c’est une option lorsque vous n’avez que du foin à votre disposition.
Foin/haylage
Si la paille d’orge est particulièrement recommandée pour l’essentiel de l’alimentation des ânes, l’herbe et les plantes des pâturages ainsi que le foin ou le haylage devraient représenter environ 25% du régime alimentaire en été et jusqu’à 50% en hiver (dans les régions qui connaissent un changement de saison). Comme les ânes sont très efficaces pour extraire les nutriments des plantes, même sèches et brutes, il est conseillé de limiter la consommation d’herbe grasse au matin ou au crépuscule, lorsque la teneur en glucides de l’herbe est la plus faible. En fonction de l’état de santé des individus et des conseils de votre vétérinaire, il peut être nécessaire d’interdire totalement l’accès à l’herbe.
Le haylage est un fourrage qui a été coupé, haché, mis en balles et enveloppé dans du plastique alors que son taux d’humidité est au plus élevé. Alors que le foin peut sécher à 85%, le haylage lui ne sèche qu’à 55-65% environ avant d’être emballé. Il en résulte parfois une teneur calorique élevée qui peut ne pas convenir à vos pensionnaires. Vous pouvez faire analyser les aliments disponibles localement. Par ailleurs, du haylage labellisé “sans danger pour les ânes atteints de fourbure” est également disponible dans le commerce. Il convient d’acheter ces aliments plutôt que d’autres qui peuvent causer des problèmes de santé. Une fois qu’une balle est entamée, vous devez l’utiliser dans les jours qui suivent, car le haylage moisit assez rapidement.
Il existe deux types de foin: le foin de graminées et le foin de légumineuses.
Le type de foin de graminées disponible peut varier en fonction de l’endroit où vous vivez. De plus, leur valeur nutritionnelle peut varier, ce qui rend certaines catégories moins qualitatives que d’autres pour vos ânes. C’est pourquoi il est utile de faire analyser le foin pour connaître son contenu nutritionnel, car cela peut avoir une incidence sur le régime alimentaire de vos pensionnaires.
Les foins de légumineuses, comme la luzerne et le trèfle, sont trop riches en protéines pour être donnés à des ânes adultes en bonne santé, mais vous pouvez les offrir comme friandise ou en mélanger une petite quantité avec du foin de graminées, sur recommandation de votre vétérinaire ou nutritionniste spécialiste des équidés.
Dans l’ensemble, si vous nourrissez vos ânes uniquement avec de l’herbe et du foin, vous finirez probablement par leur faire consommer trop de calories, même si vos ânes mangent certainement de l’herbe au lieu du foin et du haylage pendant les périodes de l’année où l’herbe n’est pas trop grasse. En l’absence de végétation, 25% du régime alimentaire de vos ânes peut être constitué de foin et de haylage, le reste pouvant être composé de paille.
Paille hachée
La paille hachée est simplement de la paille et/ou du foin haché, et c’est souvent une bonne option pour les individus vieillissants ou ceux qui ont une mauvaise santé dentaire. Elle remplace parfois le foin et la paille à longues tiges. Certaines variétés peuvent contenir des huiles et des mélasses ajoutées, qu’il convient d’éviter. Les produits à base de paille peuvent également contenir différents types de foin, il est donc important de rechercher des produits adaptés aux ânes souffrant de fourbures.
Mise en garde concernant les fourrages
Si le fourrage est humide, jaune, brun, gris ou noir, qu’il sent le renfermé, qu’il contient des mauvaises herbes, des plantes toxiques, des mouches espagnoles, des objets non comestibles, du foin mûri ou des graines, ne le donnez pas surtout pas à manger à vos pensionnaires!
Broutage
Les ânes sont des fourrageurs et des herbivores. En leur fournissant des branchages et des arbustes feuillus qui ne présentent aucun danger et en les suspendant ou en les parsemant dans leur espace de vie, vous encouragez ces comportements naturels de broutage de feuilles et d’arbustes. Vos pensionnaires apprécieront!
Concevoir les régimes alimentaires
Cet article contient pas mal d’informations à assimiler et il peut être difficile de savoir comment les mettre en pratique sur le terrain. Dans cette section, nous avons rassemblé quelques lignes directrices importantes qui vous aideront à démarrer.
Calculer les besoins
Chaque âne est différent et divers facteurs peuvent influencer la quantité de fourrage consommée, la quantité de foin à donner en complément et la quantité éventuelle de concentrés à intégrer dans l’alimentation.
Les facteurs à prendre en compte sont les suivants:
- Le niveau d’activité
- L’âge
- L’état de gestation pour une femelle
- L’état de santé général
- Le caractère, facile ou difficile, de votre pensionnaire
- La valeur nutritionnelle du fourrage
- La météo locale
- Le rendement des pâturages
- Le temps quotidien passé au pré (en supposant qu’il y ait du fourrage disponible dans les pâturages)
Examen dentaire
Comme nous l’avons mentionné, la santé dentaire peut avoir un impact important sur le régime alimentaire d’un âne et il est important d’examiner leurs dents au moins une fois par an. Les ânes qui ont une mauvaise dentition devraient recevoir une alimentation qui leur permette de consommer facilement et de manière adéquate les nutriments nécessaires à une santé optimale.
Estimer le poids d’un âne
La plupart des sanctuaires n’ont pas facilement accès à une balance, et il peut donc être difficile d’obtenir un poids précis. Les rubans barymétriques sont le moyen le plus facile, mais le moins précis d’évaluer le poids d’un âne. Certains refuges peuvent utiliser une autre méthode de mesure du poids (ressource en anglais) qu’ils ont trouvée efficace. En évaluant l’indice de l’état corporel de vos pensionnaires, vous pourrez savoir si ceux-ci sont sous-alimentés, en surcharge pondérale ou se maintiennent au poids de forme . Un tableau d’évaluation de l’état corporel peut être téléchargé sur le site ci-dessus.
Faire analyser les fourrages
Effectuer une analyse nutritionnelle des fourrages que vous fournissez à vos pensionnaires est essentiel, car cela permet de déterminer leur valeur nutritionnelle et les éventuelles carences. Vous pouvez ensuite déterminer (avec l’aide d’un ou une vétérinaire ou nutritionniste spécialiste des équidés) quels suppléments, et en quelle quantité, ajouter à l’alimentation de certains de vos ânes. Nous aborderons ce sujet plus en détail dans un autre article, mais votre vétérinaire pourra vous aider à obtenir le matériel nécessaire pour les tests. Demandez toujours à votre fournisseur si le foin a été analysé et quelles sont les teneurs en nutriments avant de l’acheter.
Peser les concentrés au lieu de mesurer leur volume
Si un âne a besoin que son régime alimentaire soit supplémenté en concentrés, il est important de peser la quantité des différents concentrés dans la gamelle qui sera utilisée pour le nourrissage. Pour obtenir de façon sûre la quantité exacte de concentrés à donner, remplissez la gamelle avec la dose de concentrés définis et pesez le tout, puis soustrayez le poids de la gamelle vide du poids total (ou tarez la balance avec une gamelle vide). Ceci est nécessaire, car les différents concentrés prennent plus ou moins de place en fonction de leur volume. Par exemple, 500g de granulés d’environ 1cm remplissent un godet d’un quart de litre, alors que le même volume de pulpe de betterave pèse moins de 250g. La différence est énorme! Vous pouvez voir comment le fait de se fier au volume peut poser des problèmes et impacter la quantité de concentrés administrés.
Surveiller le poids et tout changement de comportement ou d’état de santé
Veillez à contrôler régulièrement l’état corporel et le poids de vos ânes, afin de pouvoir déceler tout changement et d’adapter les régimes alimentaires en conséquence. Soyez à l’affût d’un changement de comportement ou tout autre signe de problèmes de santé, car leur alimentation peut y être pour quelque chose.
Modifier le régime alimentaire progressivement
Des changements soudains dans l’alimentation peuvent entraîner de graves problèmes de santé, comme les coliques et les fourbures. Il faut veiller à ce que les changements soient aussi modérés que possible afin de garantir la santé de l’appareil digestif pour des ânes heureux.
Des friandises saines pour les ânes
Les friandises peuvent être une expérience enrichissante (et délicieuse) pour vos pensionnaires. Vous trouverez ci-dessous une liste de friandises saines ainsi qu’une liste d’aliments à éviter. N’oubliez pas: il s’agit de friandises et elles doivent être données avec parcimonie! L’ingestion d’un nouvel aliment en trop grande quantité peut déséquilibrer le tube digestif et provoquer des problèmes de santé tels que des coliques. Plus une friandise contient de glucides, plus il faut la donner avec modération. En outre, certains ânes sont plus enclins à mâcher et à savourer, tandis que d’autres vont avaler goulument les friandises proposées, ce qui peut présenter un risque d’étouffement. Pour éviter cela, vous pouvez couper les friandises en petits morceaux avant de les offrir.
Nous recommandons de ne donner qu’une poignée par jour au maximum.
Friandises sans danger pour les ânes (en PETITES quantités):
- Pommes (il est vivement conseillé d’en ôter le trognon)
- Carottes
- Raisins secs
- Raisins
- Bananes
- Fraises
- Melon
- Céleri
- Citrouille
- Pois mange-tout
- Haricots verts
- Courge
- Pastèque
- Feuilles de menthe
- Navets
- Panais
- Poires
Les aliments à éviter:
- Avocat
- Chocolat
- Tout ce qui contient des produits d’origine animale. Tout ce qui provient du corps d’un animal, y compris les œufs, les plumes, la chair, le miel, le lait et la laine.
- Chou kale
- Oignons
- Ail
- Pommes de terre
- Tomates
- Chou vert
- Chou de Bruxelles
- Alcool
- Pain
- Caféine
- Tontes de gazon
- Tout aliment qui a tendance à provoquer des gaz
- Tout aliment de la famille des belladones
- Les friandises à suspendre et à lécher en raison de leur teneur élevée en glucides
- tout aliment destiné à une autre espèce animale
Pour une liste plus complète des substances toxiques pour les ânes, consultez notre ressource ici.
Suggestions pour le stockage des aliments
En plus d’une alimentation de haute qualité, vous devez vous assurer que la nourriture est conservée correctement pour que vos pensionnaires en tirent tous les bénéfices d’un point de vue nutritionnel. Les aliments doivent être entreposés dans un endroit sec et frais, à l’abri de la lumière. Tous les aliments, y compris les sacs non ouverts, doivent être stockés dans des conteneurs métalliques ou des bacs en plastique étanches à l’épreuve des rongeurs. Vous pouvez contacter le fabricant pour connaître la durée de conservation recommandée, mais en général, les aliments en sac correctement stockés peuvent être conservés environ 3 mois. Si les aliments restent stockés trop longtemps ou dans de mauvaises conditions, ils peuvent moisir ou rancir, mais également s’appauvrir d’un point de vue nutritionnel. Donner des aliments rances ou moisis à vos pensionnaires peut être très nocif pour eux.
Points à se rappeler lorsqu’on nourrit des ânes
- Les ânes doivent consommer chaque jour environ 1,5% de leur poids corporel en fourrage (surtout sec).
- Les fourrages riches en protéines et/ou en glucides doivent être évités, car ils posent des problèmes de santé.
- Faire analyser le fourrage pour en déterminer la valeur nutritionnelle. Cela permet d’adapter les régimes alimentaires selon les individus.
- Les ânes devraient idéalement avoir une alimentation composée de 75% de paille et de 25% d’herbe, de foin ou de haylage pendant les mois d’été. En hiver, cette proportion passe à 50% de paille et 25% de foin ou de haylage. Certains individus peuvent avoir besoin de haylage ou de paille hachée comme aliment principal de leur régime alimentaire.
- La paille d’orge est vivement conseillée et doit être proposée 24 heures sur 24 pour permettre une alimentation à volonté.
- Les concentrés ne doivent pas représenter une part importante (voire aucune) de l’alimentation d’un âne adulte en bonne santé. Cependant, certains individus peuvent avoir besoin d’une supplémentation de leur alimentation.
- Lorsque vous donnez des bouchons de foin, de la pulpe de betterave, des granulés à haute teneur en fibres et “sans danger pour les ânes atteints de fourbure” ou d’autres concentrés, il est essentiel de les faire tremper suffisamment auparavant pour éviter les risques de coliques ou d’étouffement.
- D’une manière générale, l’apport d’un fourrage enrichi à faible teneur en calories permet de garantir que vos pensionnaires bénéficient de toutes les vitamines et tous les minéraux dont ils ont besoin.
- De l’eau propre et fraîche doit être accessible en permanence.
- Surveillez régulièrement le poids, le comportement et les changements physiques.
- Veillez à ce qu’un examen dentaire soit organisé pour tous vos ânes au moins une fois par an.
- Ne donnez que de petites quantités de friandises (telles que certains fruits et légumes). Plus la teneur en glucides est élevée, plus la quantité donnée doit être réduite.
- Comme toujours, élaborez les régimes alimentaires de chacun ou modifiez-les en suivant les conseils de votre vétérinaire ou nutritionniste spécialiste des équidés.
Comme vous pouvez le constater, les besoins quotidiens et les préférences des ânes sont soumis à de nombreuses considérations. Tenez-vous-en à ces principes de base, discutez-en avec votre vétérinaire ou votre nutritionniste et apprenez à connaître chacun des pensionnaires dont vous avez la charge. C’est le secret de pensionnaires heureux et en bonne santé.
SOURCES:
Safe Treats for Donkeys | The Donkey Sanctuary
What To Feed Your Donkeys | The Donkey Sanctuary
Feeding Straw And Other Forages | The Donkey Sanctuary
Feeding Donkeys | Canadian Horse Journal (Source non compassionnelle)
Donkeys’ Unique Nutritional Needs | Cornell Cooperative Extension (Source non compassionnelle)
Donkey: Nutrition | XL Equine Vets (Source non compassionnelle)
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